Unpoilu, un soldat, de la bataille de Verdun 1916 écrit une lettre - premiÚre guerre mondiale 14-18 - lettres de poilus Un dessin animé réalisé par les élÚv

50 km seulement sĂ©parent la place Saint-Aubin, Ă  Toulouse, de la mairie de Cintegabelle, Ă  la lisiĂšre de l’AriĂšge. Manon Hoarau a pourtant mis un peu plus de deux ans Ă  les parcourir, pour rendre les lettres de Joseph Avignon Ă  son petit-neveu, qui ignorait jusqu’alors l’existence de ce Poilu, mort pour la France des suites de ses blessures Ă  l’hĂŽpital de Sainte-Menehould Marne, le 28 janvier histoire Ă©mouvante et Ă  rebondissements, la jeune femme de 24 ans la raconte dans un superbe documentaire d’un peu plus de 20 minutes, disponible sur YouTube et rĂ©alisĂ© avec le vidĂ©aste Sylartichot. A l’origine de l’aventure, donc, quelque 110 lettres datant de la PremiĂšre Guerre mondiale rĂ©cupĂ©rĂ©es par l’actuelle mĂ©diatrice culturelle Ă  Paris, alors Ă©tudiante Ă  Toulouse, auprĂšs d’un brocanteur qui venait de vider une maison. Cela m’a pris des semaines pour les trier et les remettre dans l’ordre chronologique », explique-t-elle. Manon Hoarau fait alors la rencontre de Joseph Avignon, cultivateur nĂ© Ă  Gaillac-Toulza avant d’aller vivre Ă  Lagardelle-sur-LĂšze, au sud de Toulouse, de sa femme Maria et de leur petite Valentine. Si elle dĂ©couvre vite, via son carnet militaire disponible sur Internet, que le Haut-Garonnais n’est jamais revenu du front, elle finit par remiser son rĂȘve de retrouver une descendante Ă  qui remettre ses lettres. Rencontre dĂ©cisiveSeulement assoupi, l’espoir s’éveille de nouveau cet Ă©tĂ©, aprĂšs la rencontre avec Sylartichot. Il m’a dit que c’était une histoire incroyable, qu’il fallait impliquer sa communautĂ© [ abonnĂ©s sur YouTube] et lancer une bouteille Ă  la mer sur Twitter. » Chose faite le 20 septembre. En moins d’une semaine, on avait retrouvĂ© un descendant, en deux semaines, on le rencontrait Ă  la mairie de Cintegabelle et en un mois et demi, on finalisait le documentaire. »Car la petite histoire dans l’Histoire mĂ©ritait d’ĂȘtre contĂ©e, et les contributeurs qui ont menĂ© Ă  cet Ă©pilogue, tel le twittos Tadoukoz, d’ĂȘtre y a deux ans dans un vide-grenier j'ai trouvĂ© dans une grande valise une sĂ©rie de lettres envoyĂ©es pas un soldat de la premiĂšre Guerre Mondiale Ă  sa femme. Il lui raconte ses longues journĂ©es de marche les heures d'attente dans les tranchĂ©es et les terrifiants moments d'assaut Manon Hoa ManonHoa September 20, 2019 AprĂšs avoir explorĂ© la piste Valentine, dont la fille et donc petite-fille du Poilu mourra sans enfant, furetĂ© en vain du cĂŽtĂ© de Pierre, le fantasque frĂšre de Joseph, l’enquĂȘte aboutira Ă  Alain Boutet, retraitĂ© de Cintegabelle et petit-fils de Maria, la demi-sƓur du hĂ©ros du documentaire Ă  ne pas confondre avec sa femme, dont sa grand-mĂšre ne lui avait jamais parlé  Joseph m’a touchĂ©, car il avait une personnalitĂ© trĂšs forte, reprend Manon Hoarau. Au fur et Ă  mesure de ses lettres, j’ai eu l’impression d’apprendre Ă  le connaĂźtre. Il a une vraie force de narration, comme lorsqu’il raconte les assauts. Dans les premiĂšres lettres, il protĂšge Ă©normĂ©ment sa famille. Et puis, il y a un point de bascule
 »Au fur et Ă  mesure que le temps avance, que le conflit s’enlise, que les hommes tombent autour de lui, le cultivateur du Sud-Ouest ne se soucie plus des apparences, ni de la censure. Il raconte, souvent crĂ»ment, les horreurs de la guerre, les corps dĂ©chirĂ©s par les obus, l’ennemi qu’on ne hait pas mais qu’il faut tuer pour ne pas qu’il vous tue. Il y a des lettres avec de la terre dessus, des marques, trĂšs dures Ă  dĂ©chiffrer. »Joseph Avignon, nĂ© Ă  Gaillac-Toulza, a ensuite vĂ©cu Ă  Lagardelle-sur-LĂšze. Son petit-neveu habite Ă  Cintegabelle. - Maps4NewsDĂ©sormais, la jeune femme et son compĂšre vidĂ©aste vont mettre en ligne le courrier brut, avec ses taches et ses fautes d’orthographe. AprĂšs lui avoir Ă©chappĂ© tant de fois, Joseph Avignon a Ă©tĂ© rattrapĂ© par la mort, Ă  quelques semaines de ses 28 ans. Comme prĂšs de dix millions d’autres soldats de la Grande Guerre, tous pays confondus.

VenuĂ  Marseille accompagnĂ© de sa femme et de sa fille Clara, 9 ans, M. Drouhot est l'arriĂšre-petit-neveu du poilu dĂ©cĂ©dĂ©. Jean Soulagnes, reprĂ©sentant de commerce dans l'entreprise DissimulĂ©es dans un grenier, des lettres d’amour, rĂ©digĂ©es par un poilu de 14/18, ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es par hasard en Bretagne. C’est un tĂ©moignage inestimable ! Un petit bout d’histoire et une preuve que l’amour et l’humanitĂ© n’avaient pas totalement quittĂ© le cƓur des hommes, Ă  une Ă©poque oĂč le monde traversait pourtant l’une de ses pĂ©riodes les plus sombres. Des lettres d’amour, Ă©crites sur le front par un soldat breton mobilisĂ© pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es Ă  Redon, une commune bretonne situĂ©e en Ille-et-Vilaine. C’est en rĂ©novant le grenier de son nouvel appartement qu’un certain Maxime Le Roux a fait cette magnifique dĂ©couverte ! En pleins travaux dans les combles, ce dernier remarque en effet un paquet dissimulĂ© sous le toit et, gagnĂ© par la curiositĂ©, se dĂ©cide Ă  en examiner le contenu. Il y dĂ©couvre d’abord une premiĂšre lettre datĂ©e d’avril 1916, Ă©crite par le caporal Jean Chapron Ă  sa femme AurĂ©lie Guennec, l’amour de sa vie, qu’il surnomme affectueusement sa Lolote chĂ©rie ». IntriguĂ© et touchĂ© par la plume du poilu, Maxime continue son exploration et met la main sur toute une correspondance qui, malgrĂ© l’usure du temps, tĂ©moigne de l’amour que le soldat portait Ă  sa chĂšre et tendre, ainsi qu’à sa fille Yvette. Il s’aperçoit ainsi que Jean a Ă©crit une lettre par jour Ă  sa femme pendant les quatre annĂ©es du conflit avant, hĂ©las, de tomber au champ d’honneur en juillet 1918, quelques mois seulement avant la fin de la guerre, le 11 novembre. Conscient du trĂ©sor qu’il vient de retrouver, Maxime se met en tĂȘte de retrouver des Ă©ventuels descendants du couple, afin de leur remettre ces prĂ©cieux souvenirs de famille. Il dĂ©cide alors de publier une annonce dans un journal local et Ă  son grand Ă©tonnement, cela va porter ses fruits puisqu’un certain Yves Goujon va rapidement le contacter. Ce dernier n’est autre que le petit-fils du soldat disparu, qui ignorait tout de cette correspondance d’un autre temps. AprĂšs une brĂšve prise de contact, les deux hommes se sont rencontrĂ©s il y a quelques jours et Yves n’a pas pu cacher son Ă©motion en entrant dans la demeure qui l’a vu naĂźtre jadis et dans laquelle il n’avait plus mis les pieds depuis 50 ans. AprĂšs s'ĂȘtre imprĂ©gnĂ© des lieux, non sans une certaine nostalgie, il a reçu des mains de Maxime ces fameuses lettres qu'il gardera prĂ©cieusement comme des reliques. Une scĂšne trĂšs Ă©mouvante immortalisĂ©e par les camĂ©ras de nos confrĂšres de France 3. ConsidĂ©rĂ©e comme le premier conflit mondial, la Grande Guerre aura durĂ© 4 ans, 3 mois et 14 jours, entre le 28 juillet 1914 et le 11 novembre 1918. Par son intensitĂ© et son caractĂšre destructeur encore jamais vu, elle a profondĂ©ment marquĂ© les populations et entraĂźnĂ© des bouleversements gĂ©opolitiques majeurs, dont les ramifications ont en partie engendrĂ© la Seconde Guerre mondiale. Plus de 22 000 000 de personnes civils et militaires ont perdu la vie ou ont Ă©tĂ© portĂ©es disparues, lors de cette guerre abominable que beaucoup croyaient ĂȘtre la Der des der ». Mais c'Ă©tait sans compter sur l'histoire et la folie des hommes... Ilfaut vous imaginer plongĂ© dans les lettres de Hertz en 1915 sur le front, dans celles de sa femme, dans des archives militaires veilles d’un siĂšcle et des carnets de campagne, levant le nez sur BFMTV et, devant le spectacle d’une salle de concert mitraillĂ© par des terroristes islamistes, devant les images de jeunes gens abattus comme des Martin Vaillagou est nĂ© le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a Ă©pousĂ© sa femme EugĂ©nie en 1900 et il est venu vivre avec elle Ă  Malakoff, prĂšs de Paris. LĂ , ils ont fondĂ© ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospĂšre. Deux enfants sont nĂ©s Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin Ă©tait admirateur de JaurĂšs et poĂšte Ă  ses heures. MobilisĂ© comme ses quatre frĂšres, le soldat Vaillagou Ă©tĂ© tuĂ© avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la rĂ©gion de Mourmelon, le 25 aoĂ»t 1915, un mois avant la mort de deux de ses frĂšres, tuĂ©s le mĂȘme jour et au mĂȘme endroit. Maurice, son fils aĂźnĂ© qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dĂ» travailler aprĂšs la mort de son pĂšre dans une entre­prise de produits chimiques. Il est mort d'une leucĂ©mie foudroyante en janvier 1918, trois ans aprĂšs son pĂšre. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux Ă  Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais tra­cer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer Ă  maman, Ă  moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pour­rai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sĂ»r. Ce n'est pas main­tenant le moment d'aller les dĂ©coiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut rĂ©flĂ©chir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien Ă©crive Ă  son pĂšre la mĂȘme chose que toi et qu'il lui demande un kĂ©pi de Français, et si ce papa prussien rapportait un kĂ©pi de Français Ă  son petit garçon et que ce kĂ©pi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer Ă  toi, Ă  Raymond, maman peut les rece­voir aussi, des petites fleurs de primevĂšres que les petits enfants garçons et filles du pays oĂč je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette annĂ©e dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de mĂȘme. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu Ă  leur malheur de n'ĂȘtre plus dans leur maison. Je vois, je mets mĂȘme mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a lĂ  deux, mĂȘme que je ne peux voir sans penser Ă  vous et les larmes aux yeux me disent que vous ĂȘtes tout de mĂȘme heureux par rap­port aux autres... Suippes Marne, le 26 aoĂ»t 1914 Vaillagou Martin Ă  ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dĂ©vastation oĂč nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une prĂ©cieuse relique; vous obĂ©irez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous Ă©lever et vous instruire jusqu'Ă  ce que vous puissiez vous instruire vous-mĂȘme pour comprendre ce que j'Ă©cris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours Ă  faire l'impossible pour maintenir la paix et Ă©viter Ă  tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiĂ©s, animaux pĂ©rissant dans les flammes. Etres humains dĂ©chiquetĂ©s par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'Ă  prĂ©sent les hommes n'ont appris qu'Ă  dĂ©truire ce qu'ils avaient créé et Ă  se dĂ©chirer mutuelle­ment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement Ă  crĂ©er la prospĂ©ritĂ© et la fraternitĂ© de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre pĂšre qui du front de bataille vous embrasse avec effusion,
CHRONIQUE- Grùce à la ténacité d'une association, une famille a pu enterrer ce jeudi à Massiges, Ferdinand Guers, un poilu tué le 25 septembre 1915 lors de la PremiÚre Guerre mondiale.
Le 27 novembre 1914, deux escouades de la 1Ăšre compagnie du 298e RĂ©giment d'Infanterie sont surprises par les allemands dans une tranchĂ©e Ă  proximitĂ© de VINGRÉ Aisne. Une dizaine de soldats sont pris par l' ennemi; les autres se replient dans une tranchĂ©e arriĂšre et reprennent leur position au dĂ©part des allemands. Le caporal Henry FLOCH greffier de la justice de paix Ă  Breteuil, dans le civil, prisonnier des allemands, profite d'une bousculade pour s'enfuir. Vingt-quatre soldats appartenant aux deux escouades seront jugĂ©s par un conseil de guerre pour abandon de poste en prĂ©sence de l'ennemi, le 3 dĂ©cembre 1914. parmi eux se trouve Henry FLOCH, qui Ă  la suite de directives du conseil de guerre prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Villaret, sera tirĂ© au sort avec cinq autres camarades pour ĂȘtre fusillĂ©. Il sera exĂ©cutĂ© pour l'exemple le 4 dĂ©cembre 1914. Ces six poilus seront rĂ©habilitĂ©s solennellement par la cour de cassation le 29 janvier 1921. On les appelle " les martyrs de VingrĂ© ". Les anciens combattants du 298Ăš rĂ©giment d'infanterie ont fait Ă©difier Ă  VingrĂ© en bordure de la dĂ©partementale 138, Ă  la sortie du village, un monument Ă©rigĂ© Ă  la mĂ©moire de leurs six camarades fusillĂ©s. Voici l'Ă©mouvante lettre adressĂ©e par FLOCH Ă  sa femme Lucie, la veille de son exĂ©cution. Elle figure avec de nombreuses autres lettres dans un recueil intitulĂ© " Paroles de Poilus " publiĂ© dans la collection LIBRIO. VingrĂ©, le 4 dĂ©cembre "Ma bien chĂšre Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillĂ©. Voici pourquoi Le 27, novembrevers 5 heures du soir, aprĂšs un violent bombardement de deux heures, dans une tranchĂ©e de premiĂšre ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenĂ©s dans la tranchĂ©e, m'ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J'ai profitĂ© d'un moment de bousculade pour m'Ă©chapper des mains des Allemands, J'ai suivi mes camarades, et ensuite, j'ai Ă©tĂ© accusĂ© d'abandon de poste en prĂ©sence de l'ennemi. Nous sommes passĂ©s vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre. Six ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu'il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux Ă  la hĂąte, les larmes aux yeux, l'Ăąme en peine. Je te demande Ă  genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l'embarras dans lequel je vais te mettre. Ma petite Lucie, encore une fois, pardon. Je vais me confesser Ă  l'instant, et espĂšre te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d'abandon de poste qui m'est reprochĂ©. Si au lieu de m'Ă©chapper des Allemands, j'Ă©tais restĂ© prisonnier, j'aurais encore la. vie sauve. C'est la fatalitĂ©. Ma derniĂšre pensĂ©e, Ă  toi, jusqu'au bout. Henry Floch" Cette lettre a Ă©tĂ© Ă©crite par le Caporal Henry FLOCH du 298e de Roanne qui fut fusillĂ© par l'armĂ©e française le 4 dĂ©cembre 1914 aprĂšs une parodie de procĂšs, pour l'exemple, avec cinq autres soldats, aux motifs de "dĂ©sertion et d'abandon de poste Ă  l'ennemi". C'Ă©taient un des "Martyrs de VingrĂ©". Il a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ© le 29 Janvier 1921
Publiéle 23/02/2018 à 15h15. "Adieu mon vieux": un siÚcle aprÚs, la police marseillaise a retrouvé les descendants d'un poilu tué sur le front de la Somme, en 1915. Ici, pas d'ADN, mais la
Quatre ans d'horreur, de visions macabres et de sang qui coule. Mais aussi des heures Ă  attendre dans les tranchĂ©es, des moments d'ennuis, de doutes, puis de rĂ©confort au moment de lire les mots de sa bien-aimĂ©e, son frĂšre ou sa marraine. Certains soldats de la PremiĂšre Guerre mondiale se sont mĂȘme montrĂ©s poĂštes dans la douleur, au moment de partager leurs pensĂ©es avec leurs proches. Leurs essais, ceux qui n'Ă©taient pas censurĂ©s, se sont souvent retrouvĂ©s dans la presse de l'Ă©poque, comme une chronique de la Grande Guerre, vue de l' la veille de la cĂ©lĂ©bration du centenaire de l'armistice, RetroNews, le site de presse de la BibliothĂšque nationale de France BNF, nous ouvre ses archives afin de picorer dans ces Ă©crits d'oĂč jaillissaient parfois l'espoir, l'amour et l'humour ! Lorsque tu reviendras, je te gĂąterai de caresses
 » C'est vĂȘtu comme un ours [
] ça attend sa marmite [
] C'est informe, innommable et souvent plein de poux. C'est un poilu, madame
 et c'est votre Ă©poux ! » Ce 18 aoĂ»t 1916, le journal Le Radical publie en brĂšve ces quelques lignes d'un homme Ă  qui le front n'a visiblement pas enlevĂ© sa comme celui-lĂ , un certain Paquito, dont la lettre Ă  sa douce - en colĂšre - est publiĂ©e dans Le XIXe siĂšcle ChĂšre petite femme, ta derniĂšre lettre m'apprend que la Censure a mis le nez dans ta correspondance et je crois deviner, Ă  te lire, combien tu es ennuyĂ©e de cet accident et pĂ©niblement surprise de voir ainsi violer notre intimitĂ© et nos tendres secrets
 HĂ©las, Mienne chĂ©rie, [
] c'est la guerre ! Il n'y a plus Ă  s'Ă©tonner de rien », Ă©crit d'abord le soldat, qui poursuit en imaginant, avec humour, que le censeur est peut-ĂȘtre un ecclĂ©siastique choquĂ© de leurs manifestations de tendresse
 Et d'en conclure sa lettre en pied de nez Ă  son potentiel lecteur intrus Cher trĂ©sor adorĂ©, Ă©cris-moi toujours de bien amoureuses missives qui me sont ici le meilleur souvenir des heures de bonheur que nous avons vĂ©cues. Je te rĂ©pondrai toujours. Et la peste soit sur le censeur ! Reçois, Ă  sa barbe, les plus doux baisers de ton mari qui t'adore. »Avec une telle relecture, les coquineries doivent ĂȘtre discrĂštes, et imagĂ©es. Lorsque tu reviendras de tes froides tranchĂ©es, de tes boyaux sanglants, ĂŽ mon pauvre adorĂ©, pour te faire oublier tes rudes chevauchĂ©es, tes douleurs, ton cafard, ce calvaire abhorrĂ©, que je te gĂąterai de suaves caresses, que je te donnerai tous mes soins les plus doux, revivant en un jour nos premiĂšres ivresses en te couvrant, chĂ©ri, des baisers les plus fous ! » Bien qu'intitulĂ© Lettre d'une femme Ă  son mari », ces quelques phrases publiĂ©es dans Le Ver Luisant en janvier 1918 ne sont que l'expression du fantasme d'un soldat poĂšte, le sergent AndrĂ© Soriac, reconnu Ă  l'Ă©poque par ses pairs pour la musique de ses les Ă©crits enthousiastes des soldats sont dĂ©tournĂ©s pour faire la propagande d'une guerre qui dure
 Comme ce 23 fĂ©vrier 1916 dans Le Matin, dans une compilation de morceaux choisis intitulĂ©e La confiance de nos soldats ». Du fond des tranchĂ©es, nous jugeons
 » Note bien que si, pour avoir la victoire, il fallait encore se lancer dans la fournaise, nous sommes toujours prĂȘts Ă  y entrer ! » aurait ainsi Ă©crit l'un d'eux. Et l'article de conclure Chacun, suivant son tempĂ©rament, exprime sa foi imperturbable en l'avenir de la patrie. »Quelques rĂ©flexions politiques filtrent toutefois. Comme ce 7 dĂ©cembre 2015 dans le journal Le SiĂšcle Du fond des tranchĂ©es, nous jugeons les Ă©vĂ©nements de notre politique extĂ©rieure en nous Ă©loignant, chaque jour davantage, du point de vue qui semble prĂ©dominer dans les milieux gouvernementaux. [
] La plus abominable violence est dĂ©chaĂźnĂ©e contre nous [
] En dĂ©pit des conventions internationales qu'elle avait signĂ©es, l'Allemagne emploie contre nos soldats des gaz asphyxiants, elle maltraite les prisonniers de guerre, leur donne une nourriture insuffisante, les contraint Ă  des travaux de dĂ©fense contre nous-mĂȘmes [
] et pourtant dans les sphĂšres dirigeantes de Paris, on affecte des scrupules pour user de reprĂ©sailles ou tirer parti de toutes les armes qui peuvent concourir Ă  notre dĂ©fense », accuse un homme qui signe L'Ancien ».Et certains de partager leur rĂ©jouissance de la fin de la guerre, comme ce soldat en permission qui Ă©crit Ă  un camarade restĂ© au front Je regrette presque d'avoir eu ma permission au moment de la victoire. J'aurais voulu ĂȘtre avec vous, pour entendre chuinter le dernier obus et claquer la derniĂšre balle de mitrailleuse. [
] Nous aurions trinquĂ© ensemble. [
] Comme j'ai pensĂ© Ă  vous en lisant les journaux
 [
] Vraiment oui, vous avez dĂ» ĂȘtre heureux. L'ennemi capitule. Nous avons la victoire complĂšte. Et vous y entrerez, en Allemagne, Parbleu ! »

Lettred'un poilu Ă  sa femme : "La sentence est tombĂ©e : je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer." *****

Le 30 mai 1917Léonie chérieJ'ai confié cette derniÚre lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de premiÚre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crùnes, l'odeur est manque l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons mÃÂȘme plus de sÚches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous ré partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tÎle d'acier lourd et incommode mais qui protÚge des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaÃt à tous comme une infùme et inutile 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accÚs boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespÚrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine derniÚre, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de dé nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée je vais ÃÂȘtre fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t' si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cÅ“ur. Je vous demande pardon mes anges de vous mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pÚre est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guÚre, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à ÃÂȘtre heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cÅ“ur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la ton mari qui t'aime tant

GH7R. 167 341 75 289 119 318 333 366 279

lettre d un poilu Ă  sa femme